Cet article a été écrit par Jessica de Terrapodia, elle diffuse plein de contenu super sur les terrariums bioactifs (et les petites bêtes qu’on y trouve). Je lui ai demandé de vous écrire un article sur son arthropode préféré, qui se trouve être le cloporte !
– Ah mais t’as un élevage d’insecte ?
– Pas vraiment d’insectes, c’est des crustacés, mais oui.
Il n’en fallu pas plus pour finir de décontenancer mon interlocutrice déjà perplexe. Suite à ce quasi-aveu de démence, deux options s’offrent à elle : faire mine de trouver ça cool, ou changer de sujet pour retomber en terrain connu.
Elle choisit la deuxième option et je ne l’en blâme pas. Avoir des cloportes à la maison est, dans l’imaginaire collectif, une situation plutôt peu enviable.
Moi-même je n’aurais jamais pensé il y a encores quelques années, être aussi élogieuse à leur propos, encore moins en élever une vingtaines de colonies.
Comme quoi ça peut arriver à tout le monde, même à des gens bien.
Bon il y a quand même souvent un pré-requis : aimer les plantes, les NAC [nouveaux animaux de compagnie], ou bien partager sa vie (et son appartement) avec une personne complètement déraisonnable quand il s’agit d’animaux. Pas de bol, j’avais les trois.
Mes premiers NAC furent des lapins, bien que les lapins ne soient plus vraiment des NAC. J’en veux pour preuve les regards de détresse que m’envoyaient systématiquement les propriétaires de lapins, assis à côté d’un python dans la salle d’attente du vétérinaire. Ce florilège de plumes, d’écailles et de poil soyeux, c’était le quotidien de ma dernière année à l’école véto. Et bien que je n’ai jamais eu d’appréhension à consulter ces charmantes boules de poils (surtout si elles répondaient au doux noms de Biscotte ou Pompom), je ne pouvais en dire autant des serpents.
Qu’à cela ne tienne, je décidais d’en adopter un. Une, plus précisemment. Cassiopée, une jolie couleuvre des blés, de nature calme et discrète. En plus d’être le nouveau sujet de prédilection de mes photos, Cassio devait prouver à mon cerveau reptilien que les serpents ne sont pas une menace (l’ironie).
C’est pour me familiariser encore plus avec le milieu de la terrariophilie dont je venais d’ouvrir les portes, que je me rendais à ma première bourse aux reptiles, à Barcelone. Au détour d’un stand, nous découvrons des cloportes, vendus comme nettoyeurs de terrariums. Portés par la promesse merveilleuse de ne plus avoir à récolter les petits cadeaux puants laissés par Cassio, nous en achetions une boîte. Et nos vœux furent exaucés.
Quelques mois plus tard, les cloportes étaient passés dans mon esprit de « gentils ramasseurs d’excréments » à «fascinants sujets d’étude». La raison de cette promotion ? J’ai découvert que, non contents de laisser les lieux dans un état impeccable, ils s’occupaient en plus d’aérer le sol et de fertiliser les plantes. Voyez l’excès de zèle. Tels de petits vadrouilleurs intrépides, lâchés à la conquête de l’immensité du terrarium, on les surprenait à pratiquer des « checks » antennaires sophistiqués entre copains, à tenter l’ascension de tiges dangereusement hautes avant de se laisser tomber mollement sur la mousse, ou encore à battre le record du 100 mètres après avoir mis la main sur un morceau de légume. Les bougres poussaient même le vice jusqu’à exister sous une multitude incroyable de formes et de couleurs (plus de 4600 espèces décrites dans le monde). Ajoutez à ça la facilité déconcertante avec laquelle ces animaux s’élèvent (quiconque possède au moins un pouce opposable peut entretenir des cloportes) et vous obtenez la recette infaillible pour rajouter la mention «éleveuse d’isopodes» à mon CV.
Quelques années plus tard, je me fais publiquement l’avocate de ces animaux mal aimés. Non pas pour prouver ma sanité (on est tous le fou de quelqu’un), mais pour rétablir un peu de justice dans la manière dont nous percevons la faune. L’humain a la fâcheuse habitude de mépriser ce qui est plus petit que lui, de craindre ce qu’il ne connaît pas et de ranger dans la catégorie « nuisible » quelconque animal croisera sa route sans y être invité. Le remède que j’ai trouvé à ces maux (et que je me suis auto-administré en adoptant Cassio), c’est l’apprentissage par la curiosité. Et je crois que ça marche.
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